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Voici l’Essai Freedom 6

 

Discussion merveilleusement éclairante entre le radiodiffuseur australien renommé Brian Carlton et Jeremy Griffith

 

Enregistré à Sydney, le 15 Octobre 2014

 

Brian Carlton est l’un des radiodiffuseurs les plus respectés d’Australie, développant, produisant et animant des émissions d’actualité et des programmes d’information aux heures de grande écoute sur les principales stations de radio du pays depuis plus de trois décennies. Regardez Brian discuter avec Jeremy de l’explication capitale de la condition humaine contenue dans FREEDOM.

 

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Cette vidéo apparaît également en tant que Vidéo 6 dans la Série d’Introduction de vidéos en haut de notre page d’accueil à www.humancondition.com.

 

La Transcription de cette vidéo

 

Brian Carlton: Je m’appelle Brian Carlton. Je suis un journaliste, commentateur et radiodiffuseur australien et je suis ici avec le biologiste Jeremy Griffith pour discuter de son prochain livre, IS IT TO BE Terminal Alienation or Transformation For The Human Race? [maintenant intitulé FREEDOM: The End Of The Human Condition].

Avant de recevoir une copie préliminaire de FREEDOM, j’étais déjà au courant du travail de Jeremy. En fait, j’ai interviewé Jeremy dans mon émission de radio sur l’un de ses livres précédents, et je me souviens que lorsque j’ai ouvert l’interview aux auditeurs pour poser des questions, il y avait tellement d’intérêt que l’interview a duré près de deux heures et je n’exagère vraiment pas. Je sais que Jeremy a provoqué une réaction similaire lorsqu’il a parlé dans la célèbre émission de radio de Caroline Jones, The Search for Meaning ; dans ce cas, l’entrevue a obtenu l’une des plus grandes réponses que Caroline ait jamais reçues dans les nombreuses centaines d’émissions qu’elle a réalisées au fil des années. [Vous pouvez écouter l’interview de Jeremy avec Caroline Jones à l’adresse www.humancondition.com/jeremy-carolinejones.] Je crois que la réponse n’a été dépassé que par une interview qu’elle a faite avec une nonne en Amérique du Sud. Je sais aussi que le livre A Species In Denial de Jeremy en 2003 était un best-seller en Australasie. Je le sais parce que j’en ai acheté un et que je l’ai lu plusieurs fois.

J’attends donc avec impatience cette discussion.

Jeremy, parlez-moi de ce nouveau livre que vous avez écrit.

 

Jeremy Griffith: Premièrement, voici le “Spoonman”pendant de nombreuses années, Brian a été le compère d’une émission de radio populaire sur Triple M à Sydney où il était affectueusement surnommé le “Spoonman”, l’agitateur professionnel, il était le Wolfman Jack des ondes en Australie. Voilà donc un aperçu de qui est vraiment Brian.

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Jeremy Griffith:Quand les adolescents ont environ 12 ans, ils commencent à voir l’imperfection de la vie autour d’eux et commencent à lutter et à y réfléchir profondément et ils se rendent vite compte que pour une raison inépliquée, les adultes ne veulent pas en parler et ils se retrouvent seuls. Donc, à environ 12 ans, ils commencent réellement à essayer de comprendre la condition humaine. À 9 ans, les enfants s’agitent face aux imperfections du monde et ils sont frustrés mais ils changent rapidement. Passer de l’école primaire au collège vers 12 ans est en fait une reconnaissance qu’il y a un réel changement psychologique à cet âge. D’un comportement de révolte contre le monde à la fin de l’enfance, où émerge le hacèlement et ainsi de suite, les soi-disant “noisy nines”, ils deviennent soudainement des adolescents sobres et profondément réfléchis et c’est à ce moment qu’ils vont au collège. Le cerveau des enfants se rend compte qu’extérioriser la frustration face à l’imperfection de la vie ne les mène nulle part, en fin de compte, ils vont devoir arrêter et essayer de comprendre pourquoi le monde est imparfait. Alors, ils commencent à réfléchir profondément, et d’un extraverti protestataire ils deviennent un introverti sobre.

 

 

Drawing by Jeremy Griffith of a boy pushing another boy.

Les “noisy nines” : le harcèlement est un exemple de comportement d’enfants de 9 ans se débattant face aux imperfections du monde

Drawing by Jeremy Griffith of a despairing adolescent, alone, head in hand, thinking deeply about the human condition.

Drawings by Jeremy Griffith © 1991-2011 Fedmex Pty Ltd

Adolescent de 12 ans, sobre et profondément réfléchi

 

Alors vers 12 ans quand ils vont au collège, cette recherche pour essayer de comprendre la condition humaine, l’imperfection de la vie humaine, commence, et elle s’approfondit. Ils continuent à y penser, ils ont appris que le monde des adultes ne veut même pas en parler et tout le monde prétend que tout va bien quand ils peuvent voir très clairement que ce n’est pas le cas. Au moment où ils atteignent environ 14 ou 15 ans, quelque chose de grave commence à se produire, ils commencent à découvrir la condition humaine en eux-mêmes, les imperfections en eux-mêmes, qu’il y a de la colère et de la méchanceté, de l’égoïsme et de l’indifférence envers les autres parce qu’ils pensent toujours de manière complètement honnête, ils sont toujours confrontés à la question de la condition humaine. Au fur et à mesure que cette réflexion s’approfondit, ils atteignent ce point de crise, généralement vers 15 ans lorsqu’ils découvrent finalement la condition humaine en eux-mêmesils essaient de faire face à cela et il est suicidairement déprimant d’essayer de faire face à cela sans le comprendre. Ils entrent donc dans cette crise que j’ai appelée “Résignation”, quand ils démissionnent pour vivre par la suite dans le déni de la condition humaine [voir l’Essai Freedom 30]. Ils deviennent fuyant, vivent une vie superficielle, ils ne veulent plus jamais s’approcher de ce coin sombre. Il est très rare de trouver une description d’un enfant qui traverse cette situation, car le monde des adultes, comme je l’ai dit, a déjà démissionné, alors ils ne veulent pas écouter.

Mais il y a de merveilleuses descriptions d’enfants dans le processus de Résignation, et c’est probablement l’une des meilleures. Il s’agit du pédopsychiatre Robert Coles, lauréat du prix américain Pulitzer, et il décrit cette rencontre qu’il a eue avec un adolescent traversant cette crise de Résignation et je pense que tout le monde pourra s’y reconnaître :

« Je parle de la solitude que ressentent de nombreux jeunes… C’est une solitude qui a à voir avec une sorte de jugement auto-imposé… Je me souviens… d’un jeune homme de quinze ans qui se livrait à des plaisanteries légères, pour ensuite se taire, secouer la tête, refuser complètement de parler lorsque sa propre vie et ses problèmes étaient addresés. Il avait arrêté d’aller à l’école… il restait assis dans sa chambre pendant des heures à écouter de la musique rock, la porte fermée… Je lui ai posé des questions sur son comportement de hochement de tête : je demandais à qui il s’adressait ainsi. Il a répondu : “Personne.” J’ai hésité, dégluti un peu et tenté ma chance : “Pas toi-même ?” Il me braqua du regard de manière soutenue, pour la première fois. “Pourquoi dites-vous cela ?” [il demanda]… Je décidai de ne pas répondre à la question de la manière dont j’avais été formé [essentiellement, « formé » à éviter la réalité la condition humaine]… Au lieu de cela, avec un peu de malaise… je me suis entendu dire ceci : “J’y étais ; je me souviens y-avoir-étéje me souviens quand je sentais que je ne pouvais pas dire un mot à personne”… Le jeune homme n’arrêtait pas de me fixer, ne parlait pas… Quand il a sorti son mouchoir et essuyé ses yeux, j’ai réalisé qu’ils avaient commencé à se remplir » [Notre traduction] (The Moral Intelligence of Children, 1996, pp.143-144 sur 218).

Maintenant, de toute évidence, ce qui s’était passé c’est que le garçon était en larmes parce que Coles l’avait atteint avec un peu de reconnaissance et d’appréciation de ce avec quoi il luttait ; Coles avait montré un peu d’honnêteté sur ce que le garçon pouvait voir et avec lequel il se débattait, à savoir l’horreur et l’hypocrisie du comportement humain, y compris son propre comportement.

Voilà donc une merveilleuse petite description de ce qui se passe au moment de la Résignation. L’adolescent s’enferme dans sa chambre, il est perdu en lui-même, il ne peut pas s’identifier au monde, le monde ne reconnaît pas ce avec quoi il lutte, il meurt d’un million de morts en lui-même.

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Il y en a beaucoup plus sur le processus de Résignation que les enfants traversent dans mon livre [voir le chapitre 2:2 de FREEDOM], mais l’essence de celui-ci révèle à quel point la question de la condition humaine est terrifiante. Ces enfants essaient en fait d’y faire face et ne peuvent pas. Cela conduit simplement à une dépression suicidaire où ils doivent sauter de cette falaise psychologique [en référence au roman de J.D. Salinger de 1951, L’Attrape-cœurs, que vous pouvez lire aux paragraphes 113-118 de FREEDOM et dans l’Essai Freedom 30], se résignant à vivre dans le déni de la condition humaine. Donc, le problème de mon livre est que lorsqu’il ramène les gens en contact avec la condition humaine, ils ne veulent pas s’en approcher psychologiquement.

 

Front cover of the book ‘Catcher in the Rye’ with a solitary figure in a red cap standing on a cliff made of apartments

 

Brian Carlton:  Cela résonne avec moi. J’étais ce jeune homme. Je me suis enfermé dans ma chambre en écoutant de la musique qui résonnait avec mon sentiment d’aliénation, et en même temps en lisant tout ce sur quoi je pouvais mettre la main avec la conviction que si je découvrais simplement pourquoi personne n’en parlait, je pourrais le comprendre. Donc, oui, ça résonne absolument avec moi, écoutant de la musique et lisant, enfermé dans ma chambre pendant quelques années lorsque j’étais un jeune adolescent. C’était une chose très réelle.

 

Jeremy Griffith:  Eh bien, je pense que beaucoup de gens peuvent s’en souvenir et c’est tellement précieux, c’est l’avantage d’utiliser l’explication de la Résignation [dans le chapitre 2:2 de FREEDOM] parce que les gens peuvent se souvenir de l’avoir traversée et une fois qu’ils savent qu’ils l’ont traversé, ils ont cette ancrage pour savoir que c’est un sujet terrifiant.

 

Brian Carlton:  C’est une expérience qui change la vie, réellement. C’était certainement le cas pour moi.

 

Jeremy Griffith: Eh bien, c’est ce qui se passe lorsque vous parlez de la Résignation à quelqu’un, cela aide parce qu’alors les gens se connectent pour la première fois depuis longtemps à cette expérience.

 

Brian Carlton: Eh bien, j’aurais aimé savoir à l’époque ce que je sais maintenant.

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Brian Carlton: Eh bien, ce que vous avez dit est assez terrifiant, mais je me souviens en tant qu’ado écouter de la musique rock et il y avait une chanson en particulier qui m’a captivée. C’est le groupe “Midnight Oil”, je pense que la chanson s’appelle Only the Strong, et les premières lignes de la chanson sont « Quand je suis enfermé dans ma chambre, je veux juste crier ». Et en tant que jeune adolescent traversant ce processus de Résignation, cela m’a parlé, cela m’a dit qu’il y avait au moins un autre humain sur Terre qui a traversé ce que je suis en train de traverser et pour moi cela valait de l’or, ces quelques lignes de musique ont suffi pour que je me sente un peu mieux à cet instant.

 

Jeremy Griffith: Oui, quelqu’un qui vous atteint avec un peu d’honnêteté.

 

Brian Carlton: Absolument.

 

Jeremy Griffith: Exactement comme la situation de Coles et dans L’Attrape-cœurs. C’est à quel point traverser ce processus est solitaire et, par inférence, à quel point le monde des adultes est malhonnête. Tout est “résigné” et personne ne dit la vérité. Vous trouvez un petit peu de vérité et vous vous y accrochez et cela vous sauve la vie.

 

Brian Carlton: C’est vrai, et c’est exactement ce qui s’est passé. Je suis passé de terriblement aliéné du monde à un peu moins aliéné, ce qui a beaucoup aidé.

 

Jeremy Griffith: C’est incroyable.

 

Brian Carlton: Je repense au nombre de fois où je réfléchis à la discussion que nous avons eue à propos de votre livre précédent Beyond the Human Condition. Elle m’est restée longtemps à l’esprit. Je vois des choses tout le temps et j’utilise vos explications pour m’aider à voir le déni. Et j’ai des conversations avec des gens sur l’énorme quantité de déni qui se passe et leurs yeux se voillent et ils disent : “De quoi parlez-vous ?” Alors, ne sous-estimez pas à quel point vos travaux précédents m’ont impacté sur la façon dont je pense aux choses que je vois, comment j’interprète le comportement. J’ai développé cette capacité à pouvoir déterminer quel type de personne est mon interlocuteur dans les cinq ou six premières secondes d’une conversation téléphonique [dans mon émission radio de questions-réponses] et je peux deviner pourquoi elle dit ce qu’elle dit et entendre le sous-texte dans ses paroles. C’était extrêmement précieux en tant que radiodiffuseur lorsque vous recevez beaucoup d’appels de personnes qui vous sont fondamentalement étrangères et qu’elles commencent à vous raconter leur histoire et que vous pouvez vous connecter à ce qu’elles disent et à la façon dont elles en parlent. Et cela est largement venu de vos livres parce que vous êtes capable de marcher dans la rue et d’observer le déni chez les gens. Vous pouvez observer les âmes qui ne sont pas satisfaites d’elles-mêmes.

 

Jeremy Griffith: Vous avez enfin une idée de ce qui se passe.

 

Brian Carlton: Ouais.

 

Jeremy Griffith: Vous avez enfin l’outil pour en comprendre le sens.

 

Brian Carlton: Mais ça marche, c’est ça le truc. Quand on lit votre livre, cela semble ésotérique et un peu abstraît, mais le transfert en cascade vers la vie quotidienne et les relations et expériences humaines quotidiennes a été extrêmement précieux. Je ne dis pas ça pour “pisser dans votre poche” [pour vous féliciter], vraiment pas. Cela a fait une différence énorme.

 

Jeremy Griffith: C’est l’avantage de s’accrocher à cette information, même si elle peut être très confrontante. Mais oui, ces poèmes et chansons [voir l’Essai Freedom 30] capturent la vérité sur l’état du monde et ce que l’esprit non-résigné chez les adolescents peut voir.

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Brian Carlton: J’aurais aimé avoir votre livre à 15 ans. Vraiment. Je lisais des livres assez épais et denses à 14, 15 ans, mais j’aurais aimé avoir celui-ci. Cela m’aurait épargné deux ou trois ans d’angoisse, et probablement encore six ou sept ans à essayer de décider ce que je voulais faire de ma vie et à quel point je voulais vraiment tout changer. Je ne suis pas un “zélé des questions” en tant que tel, mais il y a tellement de choses à régler et j’avais cette abilité ou capacité à trouver des moyens de mieux faire les choses. C’est mon combat, c’est mon combat personnel. Je n’allais pas me laisser abattre et si je ne peux pas vraiment accepter le monde comme il est alors je ne vais pas m’asseoir et ne rien faire. J’utiliserai tout ce que j’ai à ma disposition, qui dans mon cas était un microphone et un émetteur, pour essayer de faire au moins réfléchir les gens sur le processus de changement. Mais abandonner n’était jamais une option, disons les choses ainsi.

 

Jeremy Griffith: Eh bien Brian, nous appelons des gens comme vous des “Navires en Mer”, des gens qui ne se sont pas résignés correctement, des gens qui ne sont pas rentrés dans un port lorsque la tempête est arrivée [voir l’Essai Freedom 30]. C’est un choix tortueux à faire parce qu’ainsi vous êtes à jamais tourmenté par l’imperfection de la vie.

 

Brian Carlton: Mais c’est honnête, Jeremy. Je vis ma vie honnêtement avec moi-même et je dors sereinement la nuit. Je suis content de mes choix aussi difficiles qu’ils ont été et qu’ils sont encore. Je suis personnellement satisfait des choix que j’ai faits à l’époque. Des choix pas faciles, très difficiles.

 

Jeremy Griffith: Mais cela fait de vous un hérétique, avec toute la douleur qui va avec. Comme vous me l’avez dit plus tôt, vous avez essayé de jouer dans le monde des organisations, en première ligne en essayant de secouer la boîte.

 

Brian Carlton: J’ai toujours eu des problèmes avec les gens qui me disaient comment je devais penser et ce que je devais dire et quelles opinions je devrais avoir. Ce sont pour moi des choses très précieuses et je veux posséder les miennes et j’ai essayé du mieux que j’ai pu de le faire. Donc, je ne veux vraiment pas que quiconque me dise de retirer un propos particulier que j’ai tenu et je fais cela depuis que je suis enfant. Demandez à ma mère, elle vous le dira, à partir de l’âge de huit ans environ, c’était : “Non, je vais le faire à ma façon parce que je pense que ma façon est meilleure”, et si vous voulez l’explication de pourquoi ma façon est meilleure, je suis heureux de vous la donner, pas de problème ! Mais il me semblait que le seul moyen de m’en sortir était d’être aussi honnête que possible avec moi-même.

 

Jeremy Griffith: C’est l’étrange paradoxe de la condition humaine parce que nous nous résignons mais ensuite nous payons un tel prix, devenant une telle fraude et tellement malhonnête parce que nous ne regardons plus jamais les choses honnêtement. Nous sommes perdus dans une mer de mensonges, vraiment, à partir de là. Nous savions que peu de temps après nous arriverions à un point où nous souhaiterions pouvoir retrouver une certaine honnêteté. Ainsi, lorsque vous ne lâchez pas complètement et que vous gardez la fenêtre un peu ouverte, pour ainsi dire, cette information parle à cette partie de vous qui n’a pas lâché prise. [Professeur] Harry Prosen [qui a écrit l’Introduction à FREEDOM] est aussi comme ça. Il n’a pas complètement fermé la fenêtre et a continué toute sa vie à chercher un peu de vérité. Quand elle est venue sous la forme de la Human Condition Documentary Proposal [une proposition de documentaire de 2004 dans laquelle Jeremy décrit toutes les principales explications biologiques contenues dans ses livres], Harry l’a lu et l’a adoré parce que ce qu’il lisait parlait à cette partie de lui-même qui n’était pas résigné et l’a ramené à la vie, et c’était tellement renforçant. C’est comme ce qui est arrivé à Coles et Holden Caulfield dans L’Attrape-cœurs.

 

Brian Carlton: Absolument, et encore une fois, je m’identifie à cette histoire si vigoureusement qu’il aurait très bien pu parler de moi. J’étais cet enfant et j’ai beaucoup lu dans de nombreuses disciplines. Tout d’abord, je me suis essayé aux différentes religions pour voir s’il y avait des réponses, et pour moi, il n’y en avait pas. Puis la science, qui avait quelques réponses mais qui était finalement réductionniste. Je me suis intéressé aux philosophes et à des trucs assez étranges pour essayer de me rendre compte si quelqu’un avait une réponse à la condition humaine, s’il y avait une sorte de description cohérente de la raison pour laquelle je ressentais ce que je ressentais et la seule chose qui s’en est rapproché sont vos livres.

 

Jeremy Griffith: Auparavant, nous parlions ensemble et vous disiez : “Jeremy, si vous aviez un livre pour les enfants lorsqu’ils traversent la Résignation, cela leur sauverait la vie, ils sont votre public naturel, car une fois que vous parlez à des adultes qui sont résignés, ils sont sourds.”

 

Brian Carlton: Oui, tout au long de ma vie en tant que communicateur et diffuseur professionnel, j’ai vu le voile du déni monter devant les yeux des gens quand vous soulevez la vérité sur quelque chose. Honnêtement, ils ne veulent pas savoir. Je pense que les jeunes adolescents de 13, 14, 15 ans ont à peu près le bon âge pour pouvoir surmonter une partie de ce déni précoce et prêter attention avant qu’ils ne se construisent un mur si solide derrière lequel ils sont ensuite enfermés et ne veulent plus s’ouvrir ; se cacher derrière est plus facile. Si vous pouvez y accéder avant qu’ils ne commencent à cimenter ces briques, je pense que ce sera votre changement générationnel. Ce seront les enfants de cet âge qui s’identifieront à ce dont vous parlez parce qu’ils le traversent.

 

Jeremy Griffith: Ce sera formidable quand nous pourrons en faire une présentation à nos enfants sur le point de se résigner, avant qu’ils ne sautent de la falaise de Salinger et avant qu’ils ne cimentent ces briques, comme vous l’avez si bien dit. Ce sera très, très précieux.

 

Brian Carlton: C’est vrai.

 

Jeremy Griffith: Mais nous devons prendre pied dans le monde réel, le monde des adultes, avant de pouvoir y obtenir un soutien réel. C’est donc l’ironie à laquelle ce livre fait face, vous avez exposé tout le dilemme et ce à quoi nous sommes confrontés. Vous avez également articulé la beauté de voir apparaître quelque part, enfin un peu de vérité dans ce monde, qui parle à cette partie de nous-mêmes que tout le monde a bloquée. C’est toute l’énigme, comment passer à travers ces briques cimentées et démarrer le monde dans l’autre sens ? L’intérêt de cette chanson du groupe de rock heavy metal “With Life in Mind” [que vous pouvez lire au par. 229 de FREEDOM et dans l’Essai Freedom 30], comme la chanson de “Midnight Oil”, est qu’elle offre une certaine vérité sur l’état du monde.

 

Brian Carlton: Il existe de nombreuses descriptions de l’aliénation dans l’art, dans la musique, dans la poésie. Je me demande souvent si les gens qui explorent ces domaines comprendront plus de quoi vous parlez que, peut-être, un esprit rigide formaté scientifiquement.

 

Jeremy Griffith: Eh bien, le truc dans les grands chefs-d’œuvre, de poésie, de musique ou de littérature, c’est de faire allusion à la condition humaine, d’amener les gens aussi près que possible de la vérité sans vraiment l’affronter. Parce que sans l’explication de la condition humaine, sans la défense de celle-ci, c’était juste trop difficile à supporter.

 

Brian Carlton: C’est presque un reflet, n’est-ce pas; ils reflètent la condition humaine mais ne font rien pour l’expliquer.

 

Jeremy Griffith: Oui, c’est vrai parce que tant que vous ne pouvez pas l’expliquer, vous ne pouvez vraiment pas emmener les gens trop près du “feu”. Vous ne pouvez que danser à proximité, comme le fait toute bonne littérature. Par exemple, je ne serais pas surpris si Robert Coles n’a pas obtenu le prix Pulitzer pour ce paragraphe [inclus ci-dessus]. Il est si honnête et si précieux. C’est un pédopsychiatre et il a écrit un livre qui laisse échapper la vérité et c’est tellement précieux. Pourquoi l’un des triptyques de Francis Bacon, qui s’est vendu pour 142,4 millions de dollars en 2013, était « l’œuvre d’art la plus chère jamais vendue aux enchères, battant le record précédent, établi en mai 2012, quand une version de Le Cri d’Edvard Munch [un autre peinture exceptionnellement honnête et révélatrice de la condition humaine] a été vendue pour 119,9 millions de dollars » (TIME, 25 nov. 2013) ? [voir par. 124 de FREEDOM] Parce qu’elles révèlent la vérité : c’est nous, c’est à quel point nous sommes vraiment aliénés et morts. Donc, les grandes œuvres d’art, de littérature, de poésie ou de musique sont géniales parce qu’elles se rapprochent de la vérité. Mais encore une fois, vous ne pouvez pas vous en approcher complètement tant que nous n’avions pas trouvé la défense de nous-mêmes.

 

A detail from ‘Study for self-portrait’ by Francis Bacon, 1985-86, of a grossly contorted, twisted human torso and head.

Détail d’Étude pour autoportrait
de Francis Bacon, 1976

‘The Scream’ by Edvard Munch, 1893, a dream like painting of a man holding his head with a horrified facial expression.

Le Cri d’Edvard Munch, 1895

 

Brian Carlton: C’est effrayant quand cette petite voix intérieure fait surface et dit : “Je me souviens de ça, je me souviens comment c’était”, et que vous dites : “Pars, pars à la fin, s’il te plaît laisse moi tranquille”.

 

Jeremy Griffith: Oui, je déterre ce moment de Résignation parce que tout le monde, comme vous, s’en souvient. Cela permet de reconnecter les gens à la terrible question de la condition humaine, puis j’ai un appui pour expliquer et décortiquer toute l’énigme de la condition humaine.

 

Brian Carlton: On voit bien pourquoi notre interview radio a duré deux heures, n’est-ce pas !

 

Jeremy Griffith: Je continue d’essayer de faire le lien entre ce dont nous parlons et où nous étions mais je me dis, merde, c’est tellement bon ! Je veux jeter par la fenêtre mes notes préparées pour cette interview ! [À l’équipe de tournage:] Brian est une légende. C’est quelqu’un de très précieux pour moi parce qu’on se sent assez seul dans ce travail.

 

Brian Carlton: Je pense souvent à vous comme ça. Je me dis, comment pouvez-vous continuer à faire ça ? Vous continuez juste à pousser, à pousser et à pousser. Vous avez clairement rassemblé des personnes partageant les mêmes opinions qui comprennent vos idées et qui essaient de vous aider à développer la chose. Ce doit être une position solitaire, très très solitaire la plupart du temps.

 

Jeremy Griffith: Nous avons des personnes formidables qui soutiennent le projet parce que les gens peuvent surmonter ce déni. Une fois que vous comprenez cette explication de la condition humaine, vous êtes défendu, alors vous êtes en sécurité. Vous pouvez courir en toute sécurité dans le domaine de la condition humaine. Le problème c’est de faire passer les gens à travers le stade de “l’effet de sourd” afin qu’ils puissent commencer à l’entendre. [Dans la Vidéo/Essai 1 et le chapitre 1 de FREEDOM, les lecteurs sont avertis que la question de la condition humaine a été un sujet si difficile à affronter pour les humains que la lecture de ce sujet peut initialement provoquer un “effet de sourd”, où il est difficile de comprendre et assimiler ce qui se dit. Cependant, avec de la patience et en regardant les vidéos de Jeremy parlant du sujet de la condition humaine et en relisant le livre, cet “effet de sourd” s’estompe, permettant aux idées compatissantes et immensément soulageantes de devenir accessibles.] Les gens qui sont devenus vraiment intéressés sont ceux qui ont traversé “l’effet de sourd”, et la vérité des explications grandit et grandit en eux. Comme vous l’avez dit, cela devient plus addictif parce que vous avez les outils pour tout démêler. Vous voyez à travers la condition humaine et c’est vraiment excitant, et cela ne fait que croître. C’est un début lent avec ces informations car il y a tellement de briques dans le murnous devons être très déterminés et patientsmais cela se termine rapidement car une fois que les gens auront compris cette information, ils ne voudront plus se replier dans le déni. Vous ne pouvez pas jeter ces connaissances. Lorsque vous savez que vous avez la clé pour percer tout le mystère de ce que c’est que d’être humain, cela ne fait que grandir et grandir.

 

Brian Carlton: Vous allez inévitablement vous heurter à des intérêts particuliers. Les gens qui aiment l’idée que la planète est telle qu’elle est parce qu’ils en profitent de quelque manière que ce soit, que ce soit financièrement ou d’une autre manière. Les gens qui voudront maintenir le statu quo, qui aimeront garder les choses telles qu’elles sont parce que cela fonctionne pour eux. Vous serez une menace pour les religions établies, vous serez une menace pour la pensée conventionnelle sur à peu près tout. Toutes les disciplines scientifiques, la psychologie par exemple, la psychiatrie. Nous n’aurons pas autant besoin de ces disciplines si les gens disposaient de ces informations, nous n’en aurons tout simplement pas besoin. Ce changement de paradigme sera activement combattu et je suis presque sûr que vous l’avez ressenti au cours des deux dernières décennies.

 

Jeremy Griffith: Eh bien, nous avons combattu et remporté la plus grande affaire de diffamation de l’histoire de l’Australie [à l’époque] et c’était contre des personnes qui avaient tout intérêt à vivre dans la caverne du déni de Platon, ils ne voulaient pas que la vérité sur les humains soit révélée. En fait, mes persécuteurs ont en fait dit : « Vous traîtez de l’indicible personnel, vous secouez la boîte noire à l’intérieur des gens et vous ne pouvez pas réussir » (conversations personnelles avec Jeremy Griffith, février 1995).

 

Brian Carlton: Il était curieux que l’ABC [Australian Broadcasting Corporation] ait décidé de demander à un homme d’église d’analyser votre travail. J’ai pensé que c’était étrange. [Brian fait référence au révérend Millikan qui a dirigé l’attaque contre Jeremy et son travail en 1995 qui a conduit à l’action en justice pour diffamationvoir l’Essay Freedom 56, et l’essai sur la Persécution du WTM à <www.humancondition.com/persecution>.]

 

Jeremy Griffith: La même chose s’est produite avec Darwin. L’évêque Wilberforce s’est levé lors du grand débat à Oxford et a dit : “Est-ce que c’était votre grand-père ou votre grand-mère qui était lié à un singe ?” C’est à ce moment-là que Thomas Huxley s’est levé et a dit : “Je préfère être apparenté à un singe qu’à un grand homme qui abuse de son intellect pour nier la vérité” et a remporté le débat.

[Ce qui suit est une description plus approfondie de ce grand débat : Sans la défense acharnée de Thomas Huxley de Darwin dans le grand débat qui a eu lieu à Oxford en 1860, le dénigrement amer de la sélection naturelle par l’évêque Wilberforce aurait bien pu empêcher tout examen sérieux de l’idée de Darwin, comme le révèle cette description du débat : « L’évêque [Wilberforce, l’évêque d’Oxford] parla pendant une demi-heure avec un inimitable esprit, en des termes vides et injustes… Il a gravement ridiculisé Darwin, et sauvagement attaqué Huxley, mais le tout dans un ton si doux, d’une manière si persuasive et dans des phrases si bien tournées que moi [un observateur dans l’assistance] qui avait été enclin à blâmer le président pour avoir permis une discussion qui ne pouvait servir aucun but scientifique, je lui pardonnais maintenant du fond du cœur… [L’évêque Wilberforce affirmait que] les vues de Darwin étaient contraires aux révélations de Dieu dans les Écritures » (Charles Darwin, éd. Francis Darwin, 1902, p. 236). « Le jeune champion fougueux de Darwin [était] le biologiste Thomas Huxley… D’un dernier coup écrasant [l’évêque Wilberforce] se tourna vers Huxley. “Est-ce que le monsieur,” a-t-il demandé, “est lié par le côté de son grand-père ou de sa grand-mère à un singe ?” Sautant sur ses pieds, le jeune Huxley rétorqua : “Je préférerais de loin être le descendant d’un singe des deux côtés de mes parents que d’un homme qui utilise ses brillants talents pour susciter des préjugés religieux.” Un rugissement de rage monta du clergé, des cris de joie des étudiants d’Oxford. La journée était celle de Huxleyet celle de Darwin. À cette époque, Darwin vivait une vie recluse dans sa maison de campagne du Kent… [où] le travail coulait de son étude… [laissant ses] critiques frissonnant de peur d’une autre “attaque impie” contre la divinité de l’homme… La vie de Darwin fut scruté en vain pour la faiblesse morale dont ses ennemis étaient sûrs que sa libre pensée devait sous-tendre. Tout ce qu’ils pouvaient découvrir, c’était un gentil vieillard qui passait ses journées au milieu des fleurs et avec des enfantsses deux plus grands plaisirs. Jamais par aucune de ses paroles Dieu n’a été nié, ni l’âme de l’homme » [Notre traduction] (Great Lives, Great Deeds, Reader’s Digest, 1966, p. 335, 336). La résistance de l’institution était telle que Darwin a finalement conclu : « J’en ai assez des critiques hostiles… Je peux assez clairement voir que, si mon point de vue doit être généralement adopté, ce sera par de jeunes hommes qui grandiront et remplaceront les vieux travailleurs » (Charles Darwin, éd. Francis Darwin, 1902, p.244). Encore une fois, vous pouvez en savoir plus sur la persécution que Jeremy et son travail ont enduré pour avoir osé aborder la condition humaine à <www.humancondition.com/persecution>.]

C’est traditionnellement les gens de l’église qui sont fondamentalistes dans leur pensée et ne veulent pas essayer de comprendre les choses. Mais le plus grand intérêt pour tous est le déni. Une fois que vous vous êtes résigné à bloquer le problème de la condition humaine et que vous avez construit ce mur de déni, vous ne voulez pas qu’il soit détruit.

 

Brian Carlton: Alors ils essaieront de vous faire taire.

 

Jeremy Griffith: Ils le font, ils ont essayé toutes sortes de choses, donc moi et ceux qui soutiennent ces explications confrontantes de la condition humaine devons être autonomes dans tout ce que nous faisons. C’est la seule façon d’avoir une chance de faire connaître ces idées.

 

Brian Carlton: Une bataille difficile mais tout à fait digne.

 

Jeremy Griffith: C’est vrai, mais psychologiquement, nous savons ce que nous essayons de faire, ce qui nous aide. Nous essayons de franchir ce cap, le plus grand changement de paradigme de tous, de vivre dans le déni à ne plus vivre dans le déni. C’est ce que Platon décrivait par “sortir les gens de la caverne”. Il a écrit « sa vue [du prisonnier de la caverne] n’en sera-t-elle pas blessée ? N’en détournera-t-il pas les regards pour les porter sur ces ombres qu’il considère sans effort ? Ne jugera-t’il pas que ces ombres sont réellement plus visibles que les objets qu’on lui montre ? [se réfugier dans toutes les explications malhonnêtes du comportement humain auxquelles il s’est habitué] Si maintenant on l’arrache de sa caverne malgré lui, et qu’on le traîne, par le sentier rude et escarpé, [hors de la grotte du déni] et ne le lâchait pas avant d’avoir été traîné au soleil [montré l’explication véridique de notre condition humaine], cette violence n’excitera-t-elle pas ses plaintes et sa colère ? Et lorsqu’il sera parvenu au grand jour, accablé de sa splendeur, pourra-t-il distinguer aucun des objets que nous appelons des êtres réels ? » De manière significative, Platon a ensuite ajouté: « Il ne le pourra pas d’abord… Ce n’est que peu à peu que ses yeux pourront s’accoutumer à cette région supérieure. » Il a ensuite ajouté « Ne diront-ils pas que pour être monté là-haut, il [la personne qui tente de fournir une compréhension de notre condition humaine] a perdu la vue [ils le traiteraient comme s’il était fou]; que ce n’est pas la peine d’essayer de sortir du lieu où ils sont [hors de la caverne], et que si quelqu’un s’avise de vouloir les en tirer et les conduire en haut, il faut le saisir et le tuer, s’il est possible. » (vers 360 avant JC; La République, tr. Cousin, 1834). Alors Platon nous a bien avertit [voir Vidéo/Essai Freedom 11]. Vous essayez de faire sortir les gens de la caverne et vous allez vous faire flageller. Cela fait juste partie du périple. Ce qui me motive, c’est mon amour pour cet autre monde honnête qui est tellement meilleur et tellement plus vrai. Comme vous, vous vous accrochez à ce que vous savez être vrai contre un tsunami de conneries, mais comme vous l’avez dit plus tôt, “ce que j’aime, c’est que je sois honnête et je chéris cela par-dessus tout”.

 

Brian Carlton: Absolument.

 

Jeremy Griffith: C’est ce qui me motive aussi. Je vis seulement pour cet autre monde où nous n’avons pas à être malhonnêtes et à subir toutes les souffrances qui en découlent. C’est ce qui m’a conduit à ces compréhensions.

 

Brian Carlton: En tant que commentateur de toutes choses, je dois avoir une clarté de compréhension, une clarté d’analyse, et le seul moyen d’y parvenir est d’être impitoyablement honnête, même si la conclusion à laquelle je parviens me semble personnellement dérangeante, effrayante ou horrifiante. L’honnêteté, l’honnêteté de soi, est ce qui importante. Je ne peux pas faire mon travail si je ne suis pas honnête.

 

Jeremy Griffith: Eh bien, tout ce livre est basé sur cette prémisse, qu’une fois que vous vivez dans le déni, vous ne pouvez pas trouver la vérité. Vous ne pouvez pas trouver la vérité avec des mensonges, c’est fondamentalement impossible. Le seul moyen d’arriver à ces réponses est d’être honnête et lorsque vous ne vivez pas dans le déni de la condition humaine, vous pouvez accéder à toutes ces vérités que nous recherchons et qui sont si évidentes.

 

Brian Carlton: Oui, c’est exactement ça. C’est très simple, ce n’est pas difficile. Le processus final, la révélation, si vous le souhaitez, est facile et rassurante, apaisante et dans l’acceptation de soi. Le plus difficile c’est d’y arriver. Une fois que vous avez la révélation, la clarté de celle-ci est presque euphorique.

 

Jeremy Griffith: Toutes ces réponses que j’ai trouvées n’ont pas nécessité un cerveau intelligent, c’est juste que je ne vis pas dans le déni. C’est en pensant simplement et sincèrement que j’ai trouvé ces réponses et elles sont là pour tout le monde. Elles sont évidentes si vous ne cherchez pas à les éviter. Cette synthèse est produite à partir de ce que vous venez de dire. Ce sont des révélations dans le sens où elles sont là, attendant d’être révélées. Tout ce que vous avez à faire, c’est enlever le déni et elles sortiront. C’est tout ce que j’ai fait.

 

Brian Carlton: Mais ce processus, le processus de suppression du déni, c’est la partie difficile. Une fois que vous l’avez fait, c’est relativement simple à partir de là je trouve. Les réponses deviennent évidentes à l’instant même où vous les regardez. Je déteste utiliser le mot “épiphanie” parce qu’il a une connotation religieuse que je ne veux vraiment pas donner. Ce n’est pas émotionnel, enfin, c’est en quelque sorte émotionnel, mais c’est une révélation intellectuelle. C’est une révélation de l’esprit ; ma compréhension de la situation est maintenant meilleure qu’elle ne l’était, je suis maintenant plus complet, j’ai une compréhension plus complète de moi-même, des gens qui m’entourent, de la société en général, de la façon dont la planète fonctionne. C’est une révélation ! Mais encore une fois, j’hésite à utiliser ce terme dans un sens religieux, c’est une chose quantifiablement différente mais qui a un impact similaire sur vous. Vous vous réveillez le lendemain matin en vous sentant plus revigoré, plus capable de faire face au monde parce que votre niveau de compréhension de celui-ci est beaucoup plus élevé.

 

Jeremy Griffith: Oui, je n’ai fait qu’apprendre à penser comme un enfant, ou à penser comme une pierre, comme je dis. Si je n’arrive pas à trouver la réponse, c’est que je ne pense pas assez simplement et ne laisse pas l’enfant, la simple vérité évidente, sortir. Je suis de plus en plus doué pour cela et quand vous arrivez à cet état propre et que vous le laissez sortir, c’est tellement évident que c’est tout simplement stupéfiant. Vous pensez bien, c’est incroyable ! C’est comme une épiphanie, c’est très excitant. Je fais juste un pas et je continue d’apprendre. C’est comme ça que j’ai fait toutes ces trouvailles. Mais quand vous faites la synthèse complète en utilisant ce dispositif qui consiste à penser sincèrement, vous la rapportez aux habitants de la caverne, comme l’a dit Platon, « Ne diront-ils pas que pour être monté là-haut, il [la personne qui tente de fournir une compréhension de notre condition humaine] a perdu la vue [ils le traiteraient comme s’il était fou]; que ce n’est pas la peine d’essayer de sortir du lieu où ils sont [hors de la caverne], et que si quelqu’un s’avise de vouloir les en tirer et les conduire en haut, il faut le saisir et le tuer, s’il est possible. » (La République, 330). Dans mon cas, ils n’ont pas vraiment essayé de me tuer, nous vivons à une époque plus civilisée que cela, mais ils ont fait tout ce qu’ils ont pu pour me faire disparaître de la surface de la Terre.

Donc, tout ce que vous dites explique parfaitement tout ce que j’ai vécu et ce que vous avez vécu dans votre propre vie.

 

Brian Carlton: Eh bien, vous avez votre vérité et vous vous êtes tenu à votre vérité et vous vous êtes battu pour votre vérité et ce sont toutes des qualités admirables chez une personne. On ne peut pas critiquer quelqu’un pour avoir défendu sa cause, surtout lorsque le type de travail que vous faites est si conceptuellement nouveau pour les gens. Il s’agira toujours, si je peux utiliser le jargon, de “pousser les choses vers le haut”. Mais c’est bien que vous vous y colliez parce que quelqu’un doit le faire.

 

Jeremy Griffith: Vous avez raison. Ils sont en fait totalement sincères dans ce qu’ils disent dans leur déni. Ils ne savent pas qu’ils sont dans le déni.

 

Brian Carlton: Non, c’est vrai.

 

Jeremy Griffith: Alors, je suis compatissant, je sais pourquoi ils font ce qu’ils font mais je dois trouver un moyen de traverser ce mur de déni et faire en sorte que les gens accèdent à nouveau à la vérité. C’est un processus difficile et lent, mais je ne les critique plus, je leur apporte la compréhension. Ils veulent en fait la compréhension réconciliatrice de la condition humaine mais ils ne la trouveront jamais, ils sont voués à l’échec parce qu’ils vivent dans le déni. On ne peut pas trouver la vérité de l’intérieur de la caverne.

 

Brian Carlton: Non, c’est vrai.

 

Jeremy Griffith: Je dis “Regardez, c’est la vérité rédemptrice sur nous, les humains, la voici, elle vous libère et vous donne tout ce que vous voulez !” Mais les humains sont tellement engagés dans le déni, ils n’y sont pas réceptifs. Comme le dit le proverbe, vous pouvez frapper à la porte d’un sourd pour toujours. C’est un processus lent, il faut juste être patient.

 

Brian Carlton: L’une de mes expressions préférées pour beaucoup de choses est “C’est un processus, pas un événement”. Je ne pense pas que cette expression puisse s’appliquer mieux qu’à votre travail. C’est un processus et c’est loin d’être un quelconque événement, mais pour l’individu, quand on l’obtient, c’est un événement.

 

Jeremy Griffith: Oui.

 

Brian Carlton: On se souvient du jour, on se souvient de la section du livre, on se souvient du moment où c’est arrivé, ça reste avec vous, c’est frais.

 

Jeremy Griffith: Quant au temps que ça prendra, Teilhard de Chardin a dit un jour: « il suffit, pour la Vérité, d’apparaître une seule fois, dans un seul esprit, pour que rien ne puisse, jamais plus, l’empêcher de tout envahir et de tout enflammer. » (Le cœur de la matière, 1976, p. 108 sur 230). Et c’est vrai, il suffit d’une masse critique de personnes influentes se réunisse et dise : “Ce livre est vraiment très important, il est vraiment passé de l’autre côté”. Ensuite, tous ceux qui vivent dans le déni et le traitent simplement avec dédain sont obligés de réfléchir à nouveau et c’est là que vous obtenez ce changement de dynamique. C’est pourquoi nous faisons un effort énorme avec ce livre, pour obtenir ce changement de  dynamique, pour amener ce groupe de base de personnes qui ont réussi à traverser le mur du déni et à découvrir à quel point ce livre est honnête. Harry Prosen est le premier, je veux dire qu’il est étonnamment sur le devant de la scène et qu’il le dit tel quel. Ensuite, il faut que quelques autres dominos tombent comme ça, puis soudain le vent tourne, il y a une base de soutien. Soudain, le courant va passer parce que le monde a tellement faim de vérité, de réponses. Une fois que la base de soutien est suffisante, la marée change rapidement car on est comme dans une mer de malhonnêteté et ce livre est une île de santé mentale. Et tout le monde cherche justement cette île, comme vous quand vous aviez 15 ans. Vous fouilliez toutes les bibliothèques, tous les grands livres à la recherche de réponses.

 

Brian Carlton: J’en suis arrivé au point où je lisais l’Encyclopaedia Britannica, comme un livre, depuis le début, en pensant que les réponses pourraient s’y trouver !

 

Jeremy Griffith: Ça doit être là quelque part !

 

Brian Carlton: Ce n’est pas une blague, d’ailleurs, c’est tout à fait littéral.

 

Jeremy Griffith: Je vous crois.

 

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Vous pouvez regarder l’interview complète de Jeremy Griffith et Brian Carlton discutant du contenu de FREEDOM dans la Vidéo/Essai Freedom 13. Et comme mentionné, vous pouvez lire beaucoup plus sur la Résignation dans le chapitre 2:2 de FREEDOM ou l’Essai Freedom 30.

 

 

Veuillez Noter que si vous êtes en ligne, vous pouvez lire, imprimer, télécharger ou écouter (sous forme de podcast) L’Interview ou l'un des Freedom Essays suivants en cliquant dessus, ou vous pouvez les trouver tous sur www.humancondition.com.

Vous pouvez voir quelles publications ont été traduites en français en cliquant ICE.

 

 

Ces essais ont été créés en 2017-2021 par Jeremy Griffith, Damon Isherwood, Fiona Cullen-Ward, Brony FitzGerald et Lee Jones du Centre WTM de Sydney. L'ensemble du tournage et du montage des vidéos a été réalisé par les membres du WTM de Sydney James Press & Tess Watson en 2017-2021. D'autres membres du Centre WTM de Sydney sont responsables de la distribution et du marketing des vidéos/essais, et de l'assistance aux abonnés. Traduit en français par Lucas Machlein et Sophie Staffaneller.

 

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